X comme monument "X"
Pour la lettre X, j'aurais pu vous parler du soldat inconnu. Si le soldat est inconnu, les circonstances de son choix quant à elles sont assez connues et je n'y reviendrai pas !
Si vous souhaitez vraiment creuser l'affaire je vous conseille à ce sujet le film de Bertrand Tavernier "La vie et rien d'autre" ou l'histoire est très bien relatée. Vous pourrez également vous rendre à la forteresse de Verdun qui au détour d'une très belle scénographie vous contera comment Auguste Thin fut amené à choisir le soldat inconnu qui repose depuis 100 ans sous l'Arc de Triomphe à Paris.
Non je préfère vous parler du monument "X" ou plutôt du monument aux morts de l'"X".
Pour les néophytes l'"X" est le nom par lequel on désigne également l'Ecole Polytechnique. Ce surnom fait référence à l'inconnue mathématique et illustre le rôle joué par l'École comme pionnière de formes modernes d'enseignement des sciences.
Jusqu'à un passé récent, L'Ecole Polytechnique n'avait pas de monuments aux morts digne de ce nom pour honorer ses anciens élèves morts pour la Patrie.
Rappelons pour mémoire que si l'Ecole Polytechnique forme l'élite de nos ingénieurs, elle est également une école militaire fondée en 1794 sous le nom d’« École centrale des travaux publics », afin de faire face à la pénurie d’ingénieurs et de cadres supérieurs en France. C'est Napoléon qui en 1804 donna son statut militaire à l'Ecole.
Dire que l'Ecole Polytechnique n'avait pas de monument aux morts est en partie faux. Avant son déménagement en 1976 à Palaiseau (91) pour des locaux plus fonctionnels, le siège de l'école se situait à la Montagne Ste Geneviève à Paris en lieu et place des anciens collèges de Navarre, Boncourt et de Tournai.
Or il existait déjà deux monuments sur le campus de l'Ecole :
Le premier intitulé "Le Conscrit de 1814" a été édifié et fut inauguré en juillet 1914 pour commémorer la participation de l'École à la défense de Paris en 1814. Quelques semaines après, débutait la première guerre mondiale. On doit ce premier monument à Corneille Theunissen
Le conscrit de 1814 de Corneille Theunissen
A la fin de la guerre, on dénombrait 900 polytechniciens tombés au champ d'honneur lors de ce conflit sanglant.
Une souscription publique permit d'édifier en 1925 un nouveau monument sur le campus de la Montagne Ste Geneviève. Il fut inauguré en grandes pompes par le Maréchal Foch et ce en présence de Gaston Doumergue président de la République et de Raymond Poincaré alors président du Conseil.
Quoi qu'imposant le monument de Victor Ségoffin (La Victoire) n'a pas permis d'y inscrire ni les morts des guerres ultérieures et ni celle antérieures à 1914.
La Victoire de Victor Ségoffin
Lors du transfert de l'Ecole sur le plateau de Saclay, seul "Le conscrit de 1814" a pu être déplacé. Le monument de 1925 a du rester en place et continue d'être honoré une fois l'an au mois de novembre.
Un autre monument a pourtant été construit sur le site de Palaiseau composé d’un mur de briques comportant en son centre le blason aux armes de l’École et encadré par des colonnes d'acier brossé, oeuvre de Guy Lartigue mais ce monument ne comportait aucun nom. Tout juste quelques plaques commémoratives.
C'est grâce et sur l'initiative de Hubert Lévy-Lambert (promotion 1953) et du groupe X-Mémorial créé pour l'occasion que cet oubli a été réparé.
C'est après un gros travail de recensement où il a fallu croiser les différentes sources que le mur de brique est aujourd'hui recouvert de 14 plaques de béton blanchi sur lesquelles sont gravés les noms de près de 2000 polytechniciens morts pour la Patrie du tout premier François Boye (promotion 1794) décédé lors de la campagne d'Egypte en 1799 jusqu’à Jean Abel Guinard (promotion 1932) mort en 1961 en Algérie.
Le monuments aux de l'Ecole Polytechnique (Palaiseau 91)
photo : Marc Ducrot
sources :
Site de l'Institut Polytechnique de Paris
Wikipédia : "Le Conscrit de 1814"
Les "X" dans la guerre de Henri Lévy-Lambert
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