DE VOUS AIEUX, en passant par moi !

A l'issue de la première guerre mondiale, toutes les communes de France voudront avoir leur monument aux morts  !

Même si une loi promulguée le 25 octobre 1919 établit le principe d'une subvention aux communes, ces dernières  vont être très vite confrontées au problème du financement. ! 

Si les grosses communes peuvent se permettre de faire appel à des artistes renommés, la plupart des autres doivent revoir leur prétention  à la baisse et s 'orienter sur des projets plus modestes et beaucoup moins onéreux.

Parfois, faute de financement, elles abandonnent ou reportent leur projet.....Ce qui explique que certaines communes n'ont toujours pas de monument alors même qu'elles auraient pu y prétendre.

A l'affut, les marbriers, les fonderies d'art, les artistes et artisans locaux vont s'engouffrer dans un marché qui va s'avérer juteux !

Et oui, quand il s'agit d'engranger des bénéfices, l'argent n'a pas d'odeur ! La mort est aussi un business.

Par contre, je n'irai pas jusqu'à prétendre que ce négoce ait pu faire l'objet d'arnaques comme dans le  roman "Au revoir là-haut". de Pierre Lemaître.  Si l'arnaque des monuments aux morts est inventée par l'auteur, celle du trafic des cercueils par contre se base des faits authentiques.

Donc pour la construction de leur monument les communes vont être démarchées par des  entreprises qui  vont leur proposer des monuments vendus quasiment "clefs en mains".

"La concurrence sera féroce". et " Tous les moyens seront bons pour parvenir à conquérir un marché aussi vaste que florissant" (1) :

Démarchages, envoi de catalogues, circulaires, publicités dans les journaux de l'époque. Tout y passe !

Nos méthodes de marketing modernes n'ont rien à envier à celles pratiquées à l'époque.

Les communes vont donc pouvoir choisir dans des catalogues la forme du monument, la statuaire, les ornements... et composer le monument qu'il leur convient pour un coût financier maîtrisé.

Les prix sont d'autant plus attractifs que ces entreprises associées à des sculpteurs proposent des monuments produits en série.

Parmi les plus en vue,  on peut citer les "Etablissements Jacomet à Villedieu dans la Vaucluse", La Fonderie du Val-d'Osne dans la Haute-Marne, "Les fonderies Durenne" à Sommevoire également en Haute-Marne, l'entreprise "Polacchi" à Limoges, "La Fonderie de Tusey" dans la Meuse, "Les Marbreries Générales de Gourdon à Paris...

On peur ajouter également les sociétés "Rombaud-Rolland" de Jeumont et "Gaudier-Rembaux" très sollicitées dans le Nord de la France.

Les communes pour des raisons pratiques et financières vont donc se tourner prioritairement vers ces entreprises.

Ce qui explique une très grande homogénéité voire une certaine  uniformisation de nos monuments, l'obélisque retenant très souvent la faveur de nos édiles car "facile" à produire et à mettre en oeuvre.

La quasi des monuments existants aujourd'hui ont été édifiés entre 1920 et 1922. Mais l'embellie fut de courte durée car après 1925 les commandes se sont faites de plus en plus rares d'autant plus que les subventions de l'Etat seront supprimées à cette époque.

D'autres monuments ont pu voir le jour à l'issue de la seconde guerre mondiale mais beaucoup de municipalités ont fait le choix alors de rajouter des noms sur le monument existant ou de sceller une plaque spécifique à cette période.

Il en fut également ainsi des "Morts pour la France" victimes des guerres d'Indochine et  d'Algérie.

extrait d'un catalogue de monuments

(1) 1914-1918 : Les monuments aux morts dans la Somme

Sources :

Wikipédia et documentation personnelle