F comme Femmes
La femme en deuil est très représentée dans la statuaire des monuments aux morts. Elle vient juste après le traditionnel poilu !
Et pour cause. avec la mort de plus d'un million de soldats, la première guerre mondiale plonge dans le désarroi près de 600 000 veuves de guerre et près de 990 000 orphelins.
Pendant le conflit, les femmes ont eu un rôle important en participant à l'effort de guerre en occupant les emplois laissés par les hommes partis au combat, ou en s'occupant de la ferme....
Avec la disparition du mari, beaucoup de femmes vont se retrouver en situation de précarité une fois la paix revenue et c'est tout naturellement que la Nation reconnaissante devra leur venir en aide. Il faudra donc selon l'expression consacrée "défendre et la veuve et l'orphelin."
Quoi de plus juste donc que de leur rendre hommage par l'érection de monuments aux morts dans lesquelles elle seront mises en scène.
C'est donc l'épouse, la mère ou la veuve éplorée et terrassée par la douleur que l'on va évoquer qu'elle soit accompagnée ou non par ses enfants qu'elle soit soutenue ou non par un membre de la famille. ( en l'occurrence très souvent la figure tutélaire du père).
Comme pour ancrer encore plus le monument dans l'histoire locale, on la vêt d'un costume traditionnel comme à Termignon(73)
Elle est souvent affublée d'un grand voile pour cacher sa détresse.
A Campan(65), le sculpteur Edmond Chrétien (1) la recouvre d'une grande cape de deuil rendant invisible et son visage et sa douleur.
) "La Douleur", c'est d'ailleurs le nom de la sculpture imaginée par Francis Renaud (2) pour honorer les Poilus tombés au combat à Tréguier (22).
Donc sur les monuments aux morts, la femme pleure énormément mais prie beaucoup également comme à Plouhinec (29) (3)
Elle s'interroge également sur son futur et celui de ses enfants comme cette femme en arrière-plan à Auchel dans le Pas de Calais.
A Péronne dans l'Oise, la femme de pierre penchée étendue sur le corps de son mari tend un poing vengeur vers un ennemi . On peut lire sur son visage la détermination, le chagrin mais aussi la colère. Souvent interprété comme une mère pleurant son fils, certains préféreront voit dans cette "Picarde maudissant la guerre" une oeuvre éminemment pacifiste. Cette statue est l'oeuvre de Paul Auban. (4)
La femme affublée d'un bonnet phrygien à Fourmies (59) , c'est la Patrie et la République que l'on honore à travers elle.
Dotée d'ailes, un glaive à la main, un drapeau dans l'autre main, il faudra y voir une allégorie de la VIctoire.
Si le rameau d'olivier remplace le glaive, c'est la Paix revenue qu'on célèbrera !
source : Photothèque de la Ville de Cannes
(1) Edmond CHRETIEN : Edmond Chrétien est un sculpteur français né le à Paris et mort le à Bordeaux.
(2) Francis RENAUD : Francis Renaud, né le à Saint-Brieuc, ville où il est mort le 1, est un sculpteur français.
(3) Elle est l'oeuvre de René Quillivic (1879-1969). Ce serait sa propre mère qui aurait servi de modèle !
(4) Paul Auban : Paul Auban, né le à Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d'Or) et mort le à Paris, est un sculpteur français.
sources :
" 36 000 cicatrices ; les monuments aux morts de la Grande Guerre". Editions du Patrimoine. Paris 2016
"Quand les monuments aux morts racontent la grande guerre" B.RIVALS. Editions YSEC. 2019
1914-1918, les monuments aux morts dans la Somme
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