S comme Suzanne
Ce soir je vais vous conter l'histoire d'une de mes grand-tantes.
(1897 / 1993)
Suzanne DEGROUAS est née à Alençon le 19 juillet 1897. Elle est la fille d'Eugène le ferblantier dont je vous ai parlé récemment et d'Ernestine GUITTET domestique.
La famille s'est installée à Alençon vers 1890.
Suzanne est la 4ème de la famille qui comptait 5 enfants.
D'abord il y a eu Charles l'aîné, puis Germaine ma grand-mère, ensuite vint Charlotte, Suzanne donc et Andrée la benjamine.
La Famille DEGROUAS en 1903 à Alençon (Archive personnelle)
au deuxième rang : Germaine (ma grand-mère), Eugène DEGROUAS,
Ernestine GUITTET, Charles
au premier rang : Suzanne, Andrée, Charlotte.
Charlotte et Suzanne sont celles de mes grand-tantes que j'ai le mieux connu.
Charles est décédé en 1933 du saturnisme , Andrée nous a quitté en 1965, ma grand-mère Germaine est morte en 1970, j'avais alors 11 ans.
Hormis ma grand-mère, les trois autres soeurs ne se sont jamais mariées. La première guerre mondiale a opéré une véritable saignée dans la population masculine et beaucoup de jeunes filles n'ont pas trouvé de prétendants.
Qu'à cela ne tienne, les 3 soeurs se serrèrent les coudes et vécurent ensemble dans le même petit appartement de Pantin.
Mes "tatas" comme on avait appris à les appeler, étaient "Mes Tantes Jeanne" pour reprendre le titre d'une célèbre chanson de Gilbert Bécaud. Vieilles demoiselles simples, mais dignes, et d'une gentillesse à tout épreuve avec des habitudes bien établies auxquelles il ne fallait en aucun cas déroger.
Nous attendions, enfants, avec impatience le moment des étrennes ainsi que les inévitables boîtes de chocolat qu'elles nous offraient.
Que ce soit ma grand-mère, Charlotte, Suzanne ou Andrée, toutes ont été vendeuses.
Germaine et Charlotte ont longtemps vendu des gâteaux dans diverses pâtisseries parisiennes et elles en connaissaient un rayon.
Lorsque nous allions voir nos grand-tantes le dimanche, elles mettaient les petits plats dans les grands. Généralement, c'était le gigot aux flageolets. Le dessert, des gâteaux bien évidemment que Charlotte avait pris soin d'aller acheter elle-même.
C'était alors un repas de fête car elles avaient appris à se contenter de peu le reste de la semaine.
Pour m'occuper, elles me sortaient la collection de figurines "Mokarex" * qu'elles m'avaient mis de côté et les trains de pince à linge n'avaient plus de secret pour moi.
Le dessous-de-plat qui jouait une valse de Strauss me fascinait. Mais le top restait tout de même les vues stéréoscopiques du Carnaval de Nice.
Mais revenons à Suzanne, elle fit carrière quant à elle aux "Magasin Réunis".
De mes deux petites tantes, Charlotte était celle des deux qui était la plus raisonnable. Suzanne était craintive et s'alarmait pour un rien et n'envisageait pas la vie sans sa soeur aînée.
Charlotte l'aînée est décédée stupidement en 1988 après avoir fait un malaise ; elle est tombée dans l'escalier.
Suzanne fut incapable de vivre seule et décèdera en 1993.
Avant de vous quitter, je dois vous avouer quelque chose, ma tante que j'ai appelée des années durant Suzanne s'appelait en réalité Yvonne !
Elle avait toujours détesté son prénom et Charlotte lui rappelait volontiers lorsqu'elles se disputaient.
* Mokarex est une marque française de café, disparue. Son usine de conditionnement était située à Épinay-sur-Seine.
Elle est connue pour ses petits soldats de plomb puis en plastique présents dans les paquets de café. Ceux ci se collectionnent encore.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 41 autres membres