DE VOUS AIEUX, en passant par moi !

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Hameau alternatif

En préparant ce challenge, je suis tombé par hasard sur un texte où un lieu-dit était désigné comme étant un  "hameau alternatif" ?

Et même après plus de trente ans de recherches généalogiques, je veux bien avouer encore mon ignorance. 

Si à première vue, je vois à peu près ce qu'est un hameau , il n'y a pour moi que le courant qui puisse être alternatif.

Intrigué, je poursuis mes investigations en demandant au Dieu Google ce qu'il peut me trouver sur ce sujet.

Et là, pas grand chose à se mettre sous la dent pour répondre à mon interrogation.

Je décidais donc d'approfondir mes recherches pour découvrir qu'un hameau alternatif était sous l'Ancien Régime, un hameau qui se situait en limite de paroisses.

Par déduction, je tape dans la petite fenêtre de recherche du dieu précédemment invoqué "paroisse alternative" et là bingo ! Littérature il y a !

Mais revenons à nos hameaux.

Comme les limites des paroisses (comme celles des bailliages) étaient mal définies voire inconnues, certains hameaux, dits "alternatifs", dépendaient alternativement (une année sur deux) de deux, voire parfois de trois paroisses voisines.

L'alternance s'effectuait donc tous les ans à une date préalablement déterminée : ici, c'était pour la saint Michel (29 septembre), là, pour la saint Martin (11 novembre) et dans d'autres paroisses à la Chandeleur.

Cette coutume puise ses origines dans la genèse même des paroisses entre le IX° et le XII° siècle, époque à laquelle on passe progressivement d'une l'assemblée religieuse organisée autour d'une église baptismale à une entité spatiale voire géographique.

Ainsi, une paroisse devient un territoire strictement délimité  et la qualité de paroissien s'acquiert en fonction de sa proximité avec l'église qui lui est rattachée.

Et il ne peut y avoir plusieurs églises baptismales sur un même territoire et dès le milieu du XII° siècle on commence à mettre de l'ordre en délimitant, non sans peine, les territoires des paroisses.

Très fréquemment, le découpage  engendrait des désaccords  alors même que les limites des paroisses étaient uniquement connues par tradition orale ou usages coutumiers. Les temps changent mais les pratiques demeurent et notre millefeuille territorial actuel voire même le découpage électoral sans cesse remanié n'ont rien à envier  aux us et coutumes de l 'Ancien Régime !

A la fin du XV° siècle de nombreux litiges subsistent et il existe encore des paroisses aux frontières aléatoires.

Car le rattachement à l'une ou l'autre des paroisses, des lieux-dits, hameaux, fermes, bois et étangs pouvaient avoir des conséquences foncières dans la perception de la dîme et la perception des droits paroissiaux.

Afin de ne léser en théorie, ni l'une , ni l'autre des paroisses il fut créé un compromis pour assurer un partage équitable des revenus paroissiaux et des dîmes.

Les hameaux situés à la marge des paroisses faisaient l'objet d'une négociation permanente et régulière qui pouvait avoir des conséquences directes sur la vie de nos ancêtres.

Ces derniers pouvaient éprouver des difficultés à se rendre le dimanche à l'office, l'église à laquelle ils se trouvaient rattachés étant trop éloignée. Ils pouvaient parfois ne pas entendre les cloches qui rythmaient leur vie quotidienne.

Les baptêmes pouvaient être célébrés dans l'une ou l'autre paroisse.

Les lieux d'inhumation pouvaient être différents d'une année sur l'autre et ce pour les membres d'une même famille puisque la paroisse percevait un droit d'inhumation. Des passe-droits étaient accordés mais ces situations pouvaient créer des différends voire des procès entre les curés si aucun accord préalable n'avait été conclu et  l'évêché devait trancher.

Il semblerait  que cette pratique de l'alternance des hameaux fut plus courante qu'on ne le pense. Très usitée dans l'Ouest de la France, elle est attestée dans le Brionnais ; dans le Morvan et également à Beaune (21).

Cette disposition disparait avec la Révolution Française qui crée les communes, faisant ressurgir au passage  les antagonismes.

Si, par conséquent, pour l'un de vos ancêtres,  il vous manque des actes, munissez vous d'une carte et vérifiez en premier lieu si par hasard il ne vivait pas dans un hameau. Allez fouiller  ensuite dans les registres des paroisses voisines, vous aurez peut-être la chance de trouver votre sésame.

A ma connaissance, il n'existe pas de listes de hameaux alternatifs aux archives départementales hormis,  si un érudit local en a fait le recensement. Fouillez dans les inventaires et le catalogue de la bibliothèque !

Qui sait ?

 

source :

 

 Les "Territoires alternatifs" dans la France de l'Ouest de Samuel Leturcq 

 Université François-Rabelais de Tours (France)

Les hameaux alternatifs du Brionnais

 

 

 

 



09/06/2014
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