Ferblantier tu seras !
Les Généathèmes, lancés par Sophie de la Gazette des Ancêtres, sont de retour ! Avec le Challenge AZ, ils font partie des tous premiers challenges mêlant écriture et généalogie, (source : Généatech )
Le but ?
Chaque mois, un thème est proposé aux généablogueurs, Libre à eux de s'en emparer.
Pour le thème du mois de mai je vous propose de découvrir un métier en partie disparu.
Mon arrière grand-père paternel Eugène-Louis DEGROUAS voit le jour le mercredi 19 août 1863 à Douillet le Joly dans le Sarthe.
Il est le fils légitime de François Michel DEGROUAS, Domestique, âgé de 36 ans et de Félicité Juliette RAMOND, Ouvrière en robes, âgée de 36 ans.
Eugène-Louis sera ferblantier. ceci est attesté par son acte de mariage.
En effet, il se marie avec Ernestine GUITTET le lundi 9 avril 1888 à Fresnay sur Sarthe commune dans laquelle " il réside de fait" alors qu'il est toujours domicilié "de droit" à Douillet.
Leur premier enfant Charles Eugène nait en Janvier 1889 à Fresnay puis la famille part s'installer à Alençon (61) au 22 de la rue aux Sieurs..
Plus précisément, Eugène est désigné comme ouvrier ferblantier, ce qui signifie qu'il ne devait pas être à son compte et devait travailler dans un atelier ou une fabrique pour le compte d'un patron.
Appelé également taillandier, le ferblantier était autrefois celui qui fabriquait ou qui vendait des outils ou ustensiles en fer-blanc souvent ménagers tels que par exemple les casseroles, les bassines, les assiettes, les lanternes en fer recouvert d'une fine couche d'étain. Le procédé de fabrication passe pour avoir été inventé en Bohême, à la fin du XVe siècle.
Il désigne aussi l'artisan qui confectionnait des ustensiles de ménage ou de jardinage en acier galvanisé.
La galvanisation est un procédé de revêtement qui consiste à recouvrir d’une fine couche de zinc les métaux afin d’empêcher l’oxydation.
Ce métier a complètement disparu de nos jours. Il existe aujourd'hui une formation de ferblantier mais qui s'apparente davantage aux métiers de la couverture.
Contrairement au chaudronnier et au dinandier* qui ne travaillent que des métaux nobles : le cuivre et le bronze , le ferblantier fait figure de parent pauvre dans la confrérie des chaudronniers. La ferblanterie est un métier beaucoup plus récent qui prend son essor avec la révolution industrielle et la mise à disposition pour les ménagères d'ustensiles plus légers, plus pratiques et moins onéreux.
Le ferblantier en milieu rural est un travailleur itinérant et l'essentiel de son travail consiste alors dans le rétamage et la réparation des objets et ustensiles percées.
A l'image du rempailleur et du rémouleur, les rétameurs se déplaçaient de village en village, de foires en foires, faisaient du porte à porte pour collecter les dits objets. Ils s'installaient sur la place du village à l'abri du vent et allumaient un brasero sur lequel Ils faisaient fondre l'étain. Ils dégraissaient et nettoyaient les objets à rénover dans divers bains. Après les avoir frottés à l'aide de fines brosses ou de chiffons, ils les plongeaient à l'aide d'une longue pince, dans le bain d'étain en fusion, Pour terminer, ils les polissaient pour les faire briller comme un sou neuf !
Le ferblantier, pour accomplir sa tâche doit avoir toujours avoir les outils adéquats. "Le manuel du ferblantier et du lampiste" de M.LEBRUN édité en 1930 nous rappelle que ce dernier doit utiliser du fer blanc de Bohème, de Silésie ou d'Angleterre bien meilleurs que tous les autres et doit disposer de 8 groupes d'outils :
Les outils : 1 à polir / 2 à tracer / 3 à couper / 4 à emboutir / 5 à percer / 6 à souder / 7 à canneler / à replier.
Il devra également se procurer divers accessoires pour finaliser ses objets tels que des anses; des becs de cafetières , des poignées....qu'il aura pris soin de commander auprès du serrurier ou du tourneur.
La vie du ferblantier itinérant n'est pas de tout repos ; rarement à la maison, toujours sur les routes, il doit trimer beaucoup pour récolter le fruit de son labeur après avoir régler ses fournisseurs.
En s'installant à Alençon et travaillant dans une fabrique, Eugène a choisi la sécurité et pourra assurer à sa famille un revenu modeste mais constant. Ernestine, quant à elle domestique viendra compléter les revenus du foyer surtout que la famille s'est agrandie :
Germaine, ma grand-mère,nait en 1890 , et après la naissance de deux jumeaux morts-nés , arrive Charlotte en 1896, Yvonne en 1897 et Andrée en 1899.
Eugène décèdera le 4 juillet 1929 à Alençon à l'âge de 66 ans toujours à la même adresse. Entre temps tous les enfants de la famille "émigrèrent" et s'installèrent en région parisienne. deux d'entre eux y firent souches : Charles Eugène qui épousa Eugénie HIDIER (ma grand tante) et Germaine qui épousa Henri HIDIER (mon grand-père) le frère d'Eugénie. En généalogie cela s'appelle un implexe.
Ernestine, quant à elle, après le décès de son mari, finira ses vieux jours auprès de ma grand-mère et décèdera en 1937 à Clichy-sous-Bois (93).
8 ans après le décès d'Eugène , un certain Jean Mantelet crée une nouvelle entreprise à Alençon spécialisée dans les ustensiles de cuisines en fer blanc galvanisé et invente le moulin à légumes : Moulinex était née !
Parfois, je me plais à penser qu'Eugène y est pour quelque chose !
* dinandier :
A Dinant (Belgique), jusqu’à la prise et la destruction de la ville par Charles le Téméraire en 1466, on fabriqua surtout les ustensiles de ménage, les coquemars, les aiguières, les flambeaux à figures d’hommes ou d’animaux, les bassins, les mortiers, etc. La gloire de Dinant en ce genre d’ouvrages était si bien établie, qu’on appelait souvent les chaudronniers dinandiers ; on les nommait aussi parfois maignans, d’un vieux mot français, magnien, qui signifie chaudron. (La France Pittoresque , "Chaudronniers et ferblantiers" d'après "les métiers et leur histoire ", paru en 1908).
Autre Sources :
Wikipédia
A lire :
"Barthélémy le ferblantier" de Micheline Boussuge aux editions Corps.
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