V comme Viduité
Et si on faisait un peu de droit ?
Le délai de viduité était le délai imposé par le droit pendant lequel une personne veuve ou divorcée n'avait pas l'autorisation de se remarier. Il s'agissait d'éviter les conflits de filiation paternelle pour les enfants conçus avant le décès de l'un des parents ou pendant la période au cours de laquelle les parents étaient en instance de divorce.
En France ce délai était de 300 jours à compter de la date du décès ou de la date du divorce.
Si j'écris aujourd'hui à l'imparfait c'est que cette disposition a disparu de notre Code Civil en 2004, de nouveaux moyens étant apparus tels que les tests en paternité.
Le délai de viduité trouve son origine dans les textes religieux et il ne concernait que les femmes.
Qu'en était-il alors sous l'Ancien Régime ?
"Le Dictionnaire de Droit et de Pratique" de Claude-Joseph de Ferrière (1755) nous apporte un élément de réponse.
Le mariage étant religieux , c'est donc le droit canon qui s'imposait lui même issu du droit romain.
Après le décès de son mari, une veuve ne pouvait prétendre à se remarier qu'à l'issue d'une période de deuil d'un an. Information importante pour les généalogistes que nous sommes car il sera donc inutile, en théorie de rechercher dans les registres un remariage l'année du décès du premier époux.
La veuve pouvait néanmoins déroger à cette règle si elle obtenait une dispense. Très souvent des intérêts financiers l'imposaient à fortiori si elle avait encore de jeunes enfants à élever car pour les plus démunies et les plus isolées, le veuvage était souvent synonyme d'une existence médiocre voire d'une grande précarité. Il était donc tout à fait admis qu'elle retrouve un compagnon rapidement. Dès lors il n'est pas anormal de retrouver parmi nos sosas , des femmes qui se marient une seconde fois voire une troisième fois.
Mais un remariage dans le délai de viduité pouvait avoir des conséquence pécuniaires.
En pays de Droit Coutumier, la femme n'est privée que de la somme qu'elle aurait pu demander pour son deuil (1)
En pays de Droit Ecrit, "la veuve qui se remarie dans l'année du deuil, perd tous les avantages à elle faits par son défunt mari" (2) d'autant plus si la veuve "vit impudiquement dans l'an du deuil".(2)
(1) En effet, sous l'Ancien Régime, si le mari porte toujours le deuil de sa femme à ses dépens, la veuve quant elle porte le deuil aux dépens de son mari décédé sauf si elle y renonçait . Ces dépenses comprenaient les frais d'obsèques et les habits de deuil.
(2) "Le Dictionnaire de Droit et de Pratique" de Claude-Joseph de Ferrière (1755)
Autre source : Wikipédia
Pour en savoir plus :
Etre veuve sous l'Ancien Régime de Scarlett Beauvalet-Boutourye / éditions Belin / 1970
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