Semaine 13 : On l'appelait Ninie !
Pour cette treizième semaine, j'ai choisi de vous parler de ma grand tante Eugénie HIDIER .Certes elle ne fait pas directement partie de mes sosas mais son histoire, sa vie sont étroitement liées aux familles HIDIER/DEGROUAS
Eugénie HIDIER
Eugénie était donc la soeur de mon grand-père Henri HIDIER. (1889-1962)
Elle nait le 26 mars 1891 à Pouily-en-Auxois.
Pouilly-en-Auxois est une commune de Côte d'Or située au Nord de Dijon aujourd'hui rattachée au canton d'Arnay-le-Duc. En effet, Pouilly a perdu son statut de chef-lieu de canton en 2015.
Contrairement à d'autres communes qui se dépeuplent , Pouilly possède aujourd'hui plus d'habitants ( 1546 en 2021) qu'elle n'en a eus les siècles précédents après avoir subi l'exode rural et la saignée de la première guerre mondiale.
Si on se réfère à Wikipédia , en 1891, Pouilly comptait 1182 habitants.
Pendant la période révolutionnaire Pouilly s'est appelée Pouilly-en-Montagne rappelant que ce bourg s'est d'abord développé sur l'ancienne motte féodale avant de glisser progressivement vers le vallon et particulièrement depuis la construction du canal de Bourgogne à partir de la fin du XVIIIème siècle.
Pouilly étant située sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui du Rhône et plus précisément de l'Yonne et de la Saône, le bourg est également connu pour son canal-tunnel appelé également "la voûte" qui permettait aux péniches de passer le seuil morvano-vosgien.
Crédit Photo : P-M Barbe-Richaud. Patrimoine et inventaire Région Bourgogne. 2012
Construit entre 1826 et 1832, long de 3 348 mètres. , les péniches étaient au début tractées par des chevaux, En 1867, on installa un "bateau toueur" à vapeur. C'est un remorqueur qui se tire par une chaîne immergée fixe. En 1893, la propulsion du Toueur se fera à l'électricité grâce à deux petites usines électriques (une à Pouilly, l'autre à Escommes) qui utilisaient une petite chute d'eau. L'énergie produite était de moins de 30 cv. Le trafic des dernières péniches tractées de la sorte, s'arrêtera en 1986, laissant la place à la navigation de plaisance.
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à Eugénie.
Allons voir son acte de naissance pour s'apercevoir en réalité qu'elle se prénommait officiellement Pierrine, Eugénie étant son troisième prénom et probablement son prénom de baptême. D"ailleurs je soupçonne fortement que sa marraine devait être la grand tante Eugénie soeur de mon AGP.
A vérifier auprès des archives diocésaines....
Une coutume dans cette famille de préférer les prénoms de baptême aux prénoms d'Etat Civil. Sa mère déjà se faisait appeler Henriette plutôt que Gabrielle.
La famille HIDIER n'est pas pour autant originaire de Pouilly. Elle s'y est installée vers 1860.
le berceau de la famille se situe un peu plus au sud dans le canton de Nuits-St-Georges.
Eugénie est donc la fille de Désiré HIDIER (1853-1923) et de Gabrielle MERCEY (1862-1944)..
Deuxième enfant d'une fratrie qui en comptera trois :
Henri mon grand père né en 1889, Eugénie en 1891 et Marcel né en 1893.
Si la présence de la famille est bien attestée sur Pouilly en mars 1891, Désiré, le père, quant à lui au mois d'octobre de la même année réside à Avernes dans la Seine-et-Oise (aujourd'hui le Val d'Oise !). Cette information est attestée par son registre matricule qui mentionne tous ses domiciles successifs. Est-il accompagné pour autant de la famille, j'en doute car :
En 1896 on retrouve toute la famille sur Pouilly. Désiré est qualifié de géomètre expert.
A ce sujet, mon père avait longtemps conservé sa chaîne d'arpenteur.
1900 : pas de recensement disponible sur Pouilly mais par contre le registre matricule de Désiré précise qu'en janvier 1897 il est domicilié au 8 impasse Guelma dans le 18ème arrondissement de Paris.
Mars 1898 : il est domicilié rue Coustou toujours dans le 18ème. Sa présence sur Paris confirme que Désiré a changé de métier : il est dorénavant photograveur au journal "Le Temps".
Est -il accompagné de Gabrielle et des enfants ? Question sans réponse à ce jour...
Par contre la présence de la famille est avérée à Nanterre (92) dès le recensement de 1901.
En 1904 Eugénie est scolarisée à l'école communale du Petit Nanterre. Lors de la remise des Prix elle fait partie des élèves les plus citées. En récompense de ses bons résultats scolaires, elle reçoit un livret d'épargne de 8 francs. (source : L'Echo de Nanterre)
1905 : Eugénie est reçue 27ème au concours d'entrée de l'école professionnelle de filles de la rue Ganneron dans le 18ème.
L'école de la rue Ganneron fait partie à l'époque des Ecoles Pratiques de Commerce et de l'Industrie.
Les écoles pratiques de commerce et d’industrie (EPCI) ont été créées par la loi du 26 janvier 1892, à l’effet de former des employés de commerce et des ouvriers habiles et instruits.
Elles ont fait suite aux "écoles manuelles d'apprentissage" très critiquées à l'époque (source : Les amis des musées de l'Ecole).
En 1905, date à laquelle Eugénie entre à l'école Ganneron, il existe 55 établissements de ce type en France qui scolarisent près de 12 000 élèves.
Les EPCI préparent aux métiers de l’alimentation (1), du bâtiment et du génie civil (22), des constructions mécaniques et électriques (16), habillement (19), hôtellerie (10), Livre (14), d’art (15), du textile (22), du transport (4) et du commerce (9).
Deux filières existent : une pour l'industrie, une autre plus orientée sur le commerce.
Evidemment à cette époque les écoles ne sont pas mixtes .
Aujourd'hui les locaux abritent le lycée technologique d'Arts appliqués Auguste-Renoir.
Les élèves y passent 3 années pendant lesquelles, ils recevront les enseignements suivants ; comptabilité, banque, etc., administration, secrétariat, sténodactylographie, langue anglaise, langue allemande, langue espagnole, langue italienne.
Eugénie devant être interne, mon AGP Désiré demande une bourse pour pouvoir financer ses études. Un secours de 150 F lui sera attribué.
Bulletin municipal 1905
Cette bourse sera renouvelée les années suivantes.
Eugénie sortira diplômée de l'école Ganneron en 1908. Mon grand-père employé de banque la fera entrer au Comptoir d'Escompte (BNP).
1910 : Il est temps pour Henri le frère d'Eugénie d' effectuer son service militaire. Il sera affecté au Service de Santé de l'armée. C'est durant cette période qu'il se lie d'amitié avec Charles DEGROUAS et que le sort des deux familles se trouvera doublement lié.
Dans le civil Charles est typographe.
En effet, mon grand-père épousera celle qui deviendra ma grand-mère Germaine la soeur de Charles et que ce dernier épousera Eugénie. En généalogie cela s'appelle un implexe.
Charles DEGROUAS (1889-1933)
Tant mon grand-père que Charles seront rattrapés par la première guerre mondiale. Marcel le petit frère d'Eugénie de la classe 1913 ne pourra pas l'éviter lui-non plus. Il n'en reviendra pas !
Le mariage d'Eugénie et de Charles aura lieu le 6 août 1913 à Nanterre. Henri et Germaine quant à eux attendront 1916 pour convoler en justes noces.
Mariage d'Eugénie et de Charles le 6 août 1913 à Nanterre
De cette union naîtront deux enfants :
Le petit Marcel né le 8 octobre 1914 à Nanterre. Malheureusement il décèdera en 1916 alors même que Charles est mobilisé.
Colette née en 1920.
Tant Charles qu'Henri reviendront sains et saufs de la guerre. Henri reprend le chemin de la banque et Charles celui de l'imprimerie.
Si la guerre a épargné Charles, le plomb des caractères d'imprimerie aura eu raison de sa santé. Charles décède le 22 novembre 1933 à Nanterre des suites du saturnisme.
Se retrouvant veuve à 42 ans avec une enfant de 13 ans à charge, mon grand-père soutiendra sa soeur dans cette épreuve et essaiera d'être pour Colette une figure tutélaire.
Bon an, mal an la vie suit son cours à Nanterre et à Clichy-sous-Bois où se sont installés mes grands-parents.
En pleine occupation, Eugénie décède à la Maison Départementale de Santé de Nanterre (aujourd'hui l'hôpital Max Fourestier) le 20 juin 1943. La cause de son décès m'est inconnue.
Maison Départementale de Santé de Nanterre
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