P comme Poilus !
La guerre de 14 a fait plus d'un million trois cent mille morts et plus de 4 millions de blessés, handicapés voire mutilés côté français. A cela s'ajoute les dizaines de milliers de disparus .Chaque commune de France possède aujourd'hui un monument aux morts qui nous rappelle cette tragédie sans compter les cimetières qui bordent les routes des campagnes du Nord et de l'Est de la France.
Pire encore, il n'est pas une famille qui n'ait été touchée de près ou de loin par le décès d'un de ses proches.
On ne comptait plus, après la guerre, le nombre de veuves et d'orphelins.
Le pays portera longtemps dans sa courbe démographique et la pyramide des âges les stigmates de ce conflit.
Qu'ils soient officiers ou simples soldats, notables, paysans ou ouvriers, ces "poilus", partis un jour d'août 1914 "la fleur au fusil " n'imaginaient pas que cette guerre allait durer 4 ans.
Le dernier poilu est mort en 2008 et ces listes de noms de soldats "morts pour la France" gravés dans la pierre de nos monuments aux morts sont devenus aujourd'hui pour nous des inconnus voire des anonymes.
J'ai un profond respect pour ces hommes qu'on a entraînés dans une guerre qui les dépassait, qu'ils ne comprenaient pas toujours et qu'on a envoyés au massacre . Toute une génération d'homme dans la force de l'âge fauchée !
Mes deux grands-pères ( Henri HIDIER et Léonard DERACHE ) eurent la chance de revenir de cet enfer, blessé physiquement pour l'un, blessé psychologiquement pour l'autre, blessés mais vivants ! Mon grand-oncle Marcel HIDIER lui n'eut pas cette chance : fait prisonnier, il décède en Allemagne début 17.
Afin que ces monuments édifiés à la mémoire de nos poilus ne deviennent pas à terme un simple mobilier urbain, nous nous devons de poursuivre ce devoir de mémoire.
Rechercher un ancêtre "poilu" est assez aisé lorsqu'on sait où chercher.
Avec un peu de méthode et de patience, vous en saurez très vite bien plus que ce qu'a pu vous laisser en héritage la tradition familiale.
Sachez que rien n'est désespéré et que plusieurs solutions s'offrent à vous pour retrouver des renseignements concernant votre aïeul.
1°) Si votre "poilu" a été tué ou est disparu lors de combat, vous consulterez en premier lieu la base "Mémoire des Hommes" qui référence la quasi totalité des soldats de la "grande guerre" qui ont reçu la mention "mort pour la France".
Si tel est le cas, la base vous donnera accès à une fiche signalétique qui vous précisera en général : le grade, le corps, la classe, le matricule,le bureau de recrutement, le lieu du décès, les conditions du décès, le lieu où a été retranscrit l'acte de décès (généralement le lieu de résidence avant guerre).
Fiche signalétique de mon grand ,oncle Marcel HIDIER
source : SGA / Mémoire des hommes
Sur ce même portail, vous trouverez également "Les Journaux de Marche et d'Opérations" (JMO) des unités ayant participé au conflit.
J'attire votre attention sur les trois informations fondamentales que sont la classe, le bureau et le matricule de recrutement.
La classe de recrutement : elle se calcule en ajoutant 20 ans à l'année de naissance du conscrit.
Par exemple si ce dernier est né en 1889, sa classe sera 1909 ( 1889 +20 = 1909).
Le bureau de recrutement : il sera à déterminer en fonction du lieu de résidence. Très souvent il correspond au chef-lieu du département ou parfois au chef-lieu d'arrondissement. Pour Paris et sa banlieue, il sera préférable de connaitre préalablement l'arrondissement ou le canton de banlieue où résidait le conscrit lors de sa vingtième année. Il y avait à l'époque sur l'ancien département de la Seine 6 bureaux de recrutement.
Le matricule : il sera important de le noter car il sera votre sésame pour accéder aux registres matricules. Attention de ne pas confondre le matricule de recrutement avec le matricule au corps ; c'est du premier dont vous aurez besoin.
Pour consulter les registres matricules, vous pourrez vous rendre aux Archives Départementales du lieu de recrutement.
2°) Si toutefois, vous ne connaissez pas le N° matricule, rien n'est perdu. Vous pourrez consulter dans un premier temps, dans la série R des Archives Départementales les tables alphabétiques annuelles de recrutement du bureau correspondant au domicile du conscrit à 20 ans. Ces tables vous donneront le N° matricule.
En connaissant, la classe de recrutement et le matricule, vous pourrez consulter le registre matricule. Parfois comme à Paris, un répertoire numérique vous facilitera la tâche et vous n'aurez plus qu'à noter la cote du registre matricule qui vous intéresse. Attention la cote pour les Archives de Paris est particulière : il s'agira toujours d'une cote commençant par D4R1.
Autre particularité des Archives de Paris, vous y trouverez les listes et les registres matricules des communes du 92, 93 et 94 qui relevaient de l'ancienne Seine.
Les registres matricules :
Ce sont des registres normalisés qui vous donneront les renseignements suivants qui pourront compléter ou suppléer d'autres sources généalogiques:
- l'état-civil; filiation sans date de naissance des parents; adresses successives; profession.
- origines étrangères éventuelles
- morphologie ; aptitudes physiques; et éventuels problèmes de santé.
- degré d'instruction et compétences professionnelles ; aptitude musicale.
- détail des services et mutations diverses
- corps d'affectation ; campagnes
- blessures, citations, décorations.
fac similé
46 portails de sites d' Archives Départementales proposent, aujourd'hui, en ligne les listes alphabétiques de recrutement parfois mêmes les registres . Aucune uniformité dans ce domaine et autant de pratiques différentes. Parfois les procédures peuvent être compliquées comme aux Archives de La Côte d'Or où les listes sont en ligne mais pas les registres. Munis de tous les renseignements, un formulaire numérique vous permet de commander la photo du registre moyennant la somme de 5 euros.
Commémoration oblige, les registres matricules des classes 1913 à 1921 ont été ouverts à la consultation par dérogation et ce depuis décembre 2012 mais uniquement en salle de lecture. En effet, les prescriptions de la CNIL, qui limitent la diffusion de données personnelles sur internet, ne sont pas modifies par cette dérogation générale alors même qu'il n'y a plus un seul poilu vivant !
A l'aube des commémorations, les archives auraient été bien inspirées de mettre en ligne tous ces documents. Il leur reste encore 4 ans pour le faire !
J'ai entrepris récemment de faire la généalogie des quinze poilus figurant sur le monument aux morts de Simencourt, petit village du Pas de Calais, . Ne pouvant me déplacer j'ai d'abord effectué une première recherche sur Google en tapant dans la eénêtre de recherche " monument aux morts de Simencourt" pour tomber sur le site remarquable d'Ivan Pacheka "Memoires de Pierre en Pas de Calais"
Pour les généalogistes qui n'auraient pas la chance de disposer d'une telle base de données, qu'ils n'hésitent pas à interroger les bases collaboratives MemorialGenWeb ou celle de Geneanet.
J'ai recherché ensuite chaque fiche signalétique sur la base de Mémoire des Hommes (voir ci dessus).
A l'aide des renseignements collectés je me suis rendu sur le site des Archives du Pas de Calais où sont en ligne les listes alphabétiques de recrutement ainsi qu'une bonne partie des registres matricules. En utilisant les autres sources disponibles à savoir, les tables décennales, l'état civil, les dénombrements de population ainsi que les relevés effectué par l'Association Généalogique du Pas de Calais, j'ai pu reconstituer les généalogies de chaque soldat . Mes recherches ont été facilitées par la structure même du village (430 habitants en 1911) et les implexes assez fréquents. Ces travaux feront l'objet d'une prochaine publication.
J'invite chaque lecteur à se lancer dans cette aventure passionnante qui pourrait faire l'objet qui sait d'un autre défit ?
Enfin je ne terminerai pas cet article sans saluer l'initiative de l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) qui au travers d'un concours invite les enfants des écoles primaires (CM1 et CM2) à s’approprier leur histoire et à la transmettre en devenant des « Petits artistes de la Mémoire ». Aidés de leurs enseignants, les élèves choisissent un soldat de la Grande Guerre originaire de leur commune et partent à la recherche des traces et des témoignages qu’il a laissés dans sa famille et au cœur des archives municipales ou départementales.
Pour en savoir plus, j'ai sélectionné pour vous les sites, forums et ouvrages suivants :
Historial de la Grande Guerre de Péronne
A lire également :
RFG N° 193 "Les dossiers des victimes de guerres civiles te militaires" Avril-Mai 2011
RFG N° 196 "Morts pour la France" OCT-Nov 2011
RFG N° 199 " "L'essor de Mémoire des Hommes" article PV Archassal. Avril-Mai 2012
Votre Généalogie N° 50 "Les monuments aux morts" Août-Septembre 2012
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