La faute de l'abbé Derache ?
Tout le monde n'est pas parfait, , un de mes arrière-grand-oncle était........curé
Comme dit la chanson "On ne choisit pas sa famille......" ;
L'abbé Derache
Léonard; Joseph DERACHE voit le jour le lundi 20 avril 1868 à Vitry en Artois (62).
Il est le fils légitime de Pierre; Louis DERACHE, Journalier, âgé de 32 ans et de Léonie CAUCHY, âgée de 30 ans. A sa naissance, il a un frère Arthur Joseph (né en 1862).
De la classe de 1888, il est dispensé des obligations militaires en tant qu' "élève ecclésiastique". Il en sera dégagé définitivement en 1892, année où il sera ordonné prêtre . En 1898 il est nommé vicaire à Bourlon puis à la cathédrale d'Arras.
De 1901 - 1945 il sera curé d'Arleux, de Fresnoy, et de Sailly- Labourse dasn le Pas de Calais.
Il finira sa "carrière comme Aumonier de l'Orphelinat Beaucerf de Saint-Léonard (62) commune dans laquelle il décèdera le 5 février 1951 à l'âge de 82 ans.
Je n'ai jamais connu "Mon oncle l'abbé" comme on se plaisait à le nommer. mais si je vous en parle aujourd'hui , c'est qu'en 1909 il a été au centre d'une affaire qui le conduisit au tribunal de police et qui dût faire grand bruit du côté de Sailly- Labourse commune dans laquelle il officiait à l'époque.
Replaçons nous dans le contexte de l'époque. 1909 c'est 4 ans après la promulgation de la loi Combes (1), loi qui institue la séparation de l'Eglise et de l'Etat et les luttes entre les congrégations religieuses et les partisans d'une république laïque sont encore présentes dans tous les esprits.
Mais revenons à l'affaire qui nous intéresse aujourd'hui :
Comme à l'accoutumée , l'abbé DERACHE convie à une retraite préparatoire les enfants du bourg qui doivent faire leur première communion. A priori, il n'a pas de soucis à se faire puisque depuis 1906 le règlement préfectoral des écoles primaires du Pas de Calais stipule "que pendant la semaine qui précède la première communion, l'instituteur autorisera les élèves à quitter l'école aux heures où leurs devoirs religieux les appellent à l'église" et puis pourquoi lui interdirait-on ce que l'usage a toujours permis ?
L'instituteur est-il au courant de cette disposition ; ou le Maire de Sailly fait-il preuve d'un zèle particulièrement procédurier ? L'histoire ne le dit pas et l'abbé Derache se retrouve au tribunal de simple police de Cambrin ) et ce pour avoir soustrait des élèves à l'obligation scolaire.
A l'issue des débats, l'abbé Derache est condamné le 27 juillet 1909 en première instance à 3 francs d'amende.
Le tribunal de simple police de Cambrin fonde son jugement sur deux articles de Loi
1°) L'article 2 de la Loi du 28 mars 1882 sur l'organisation de l'enseignement primaire appelé plus communément loi Ferry sur l'obligation scolaire.
Article 2 :
Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre le dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaires.
L’enseignement religieux est facultatif dans les écoles privées.
2°) L'article 30 de la Loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat
Article 30 :
Conformément aux dispositions de l'article 2 de la loi du 28 mars 1882, l'enseignement religieux ne peut être donné aux enfants âgés de six à treize ans, inscrits dans les écoles publiques, qu'en dehors des heures de classe......
Il sera fait application aux ministres des cultes qui enfreindraient ces prescriptions, de l'article 14 de la loi précitée.
L'abbé Derache n'en reste pas là et certain de son bon droit fait appel de la décision du tribunal de Cambrin et cette affaire remontera jusqu'à la Cour de Cassation qui rejette le pourvoit de l'abbé et confirme le jugement en première instance.
La littérature juridique sur le site Gallica de la BNF atteste que ce jugement fera ensuite jurisprudence pour des cas similaires.
Mais l'abbé n'en a pas fini pour autant avec les tracasseries administratives de la municipalité de Sailly Labourse à en croire cet extrait du Bulletin de la Commission Départementale des Monuments Historiques du Pas de Calais retrouvé également sur la base Gallica : (2)
" 3° Eglise de La Bourse. — Des lettres de MM. de Loisne et Gates, et une autre de M. Derache, curé de La Bourse, signalent le danger qui menace ce très intéressant édifice. Cette église, qui est parfaitement isolée, au milieu de la place publique, ancien cimetière tout récemment désaffecté, va être entièrement enfermée par un mur de clôture d'école, actuellement en construction. L'administration municipale trouvant le préau de l'école trop petit, veut l'agrandir aux dépens de la place, cimetière où l'on enterrait encore il y a dix ans. L'entrée principale de l'église est obstruée par une muraille ; le mur carolingien du côté nord va être en butte aux mutilations des gamins du village, Alors qu'en d'autres communes on dépense des sommes considérables pour dégager les édifices', ici l'on va, de gaîté de coeur enlever à un monument du Xe siècle son caractère d'isolement, et, de plus, l'exposer à toutes sortes de détériorations. M. le Président, ajoute que des habitants de la localité ont saisi de l'affaire la,,sous-préfecture de Béthune, qui procède à une en-» quête. Une autre protestation, revêtue de cinquante signatures, a été envoyée à la Préfecture. M. Bauvin veut bien s'offrir pour intervenir, au nom de la Commission, auprès de la municipalité. Des remerciements lui sont votés par l'assemblée, qui a déjà apprécié son utile en cours dans des cas similaires "
Eglise de Sailly Labourse en 1931.
(1) Émile, Justin, Louis Combes, né à Roquecourbe (Tarn) le 6 septembre 1835, et mort à Pons (Charente-Inférieure) le 25 mai 1921, est un homme politique français. ( source Wikipédia )
(2 )retrouvé et transmis par mon cousin P.DERACHE.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 41 autres membres