Au coeur d'un Conseil de Guerre (9) : Une règle bien pratique ?
Voici la déposition du sapeur Lespinasse Alexandre Jacques lui aussi du 4ème Régiment d'Infanterie de Marine à Toulon ; celui-la même qui sera chargé de récupérer la feuille de l'enregistrement.
" Je suis à la 26ème Compagnie, le sergent-major Hidier que je connais depuis longtemps m'vait pris pour arranger ses effets et garder la tente lorsque les sous-officier étaient absents. Le seize Juillet, je fus très étonné de voir le sergent-major me demander la clef de sa malle qui d'habitude restait fermée (1). En ma présence il renferma une cinquantaine de pièces de cinq francs(2)environ, plus l'enregiitrement de la compagnie, pris ses clés et s'en alla , la serrure seule de la malle était fermée.
Par ordre du sergent-major, je couchais habituellement dans sa tente, je peux donc le voir rentrer dans la nuit du seize vers minuit ; après être resté un instant couché, il se leva pour ne rentrer qu'un peu avant le réveil (3)., il me fit l'effet d'avoir fait la noce toute la nuit. Dans la journée du 17 je l'ai revu vers midi, accompagné de deux sergents-major rentrant de Cochinchine (4), il n'est rentré que vers sept heures du soir et presqu'aussitöt il est reparti pour ne rentrer qu'au milieu de la nuit, il avait été porté manquant à l'appel et au contre appel.
Le 18, il a payé une partie du décompte en ayant soin de retenir les centimes à quelques-uns une fraction de la somme qui lui était dûe (5), ainsi au clairon Guillaumont, il lui a donné deux ou trois sous sur douze francs qui lui étaient dus (6). Le soir le sergent-major est parti et je ne l'ai plus revu.
Le 19, le Capitaine est venu à la compagnie comme il demandait l'enregistrement, j'ai dit qu'il se trouvait dans la malle du sergent-major alors le fourrier, en présence de plusieurs d'entre-nous à l'aide d'une règle (7), a pu, en levant le couvercle prendre le registre. Je ne pense pas
Croyez-vous que le sergent-major ait éte victime d'un vol ?
Non, certainement, c'est lui qui a fait la noce et a mangé l'argent qui lui manque, c'est là du moins mon opinion.
Votre sergent-major avait-il, des dettes et n'en aurait-il pas payé quelques-une du 16 au 18 ?
Il devait , à ma connaissance, Cinq francs à deux hommes de la compagnie, je ne sais s'il les a payés (6), tant qu'à moi, avec le prêt du sergent major Hidier, que m'avait remis le fourrier, j'ai soldé deux francs à sa blanchisseuse.
Suivent les signatures.....
Commentaires :
(1) A l'entendre la clé est d'habitude en sa possession ?
(2) soit 250 francs de l'époque.
(3) ceci est corroborer par un autre témoignage. A noter également que le sapeur Lespinasse est chargé de garder la tente et dort dans la tente et peut voir de ce fait tous le va-et-vient !
(4) revoilà nos deux sergents de Cochinchine
(5) Certains des soldats lui devaient de l'argent, il n'est pas étonnant qu'il en eut sur lui.
(6) cent sous correspondaient à 5 francs donc un sou = 5 centimes ; deux sous = 10 centimes ...... Evidemment la valeur de l'argent n'était pas la même qu'aujourd'hui. Le port d'une lettre de 20 grammes est de 0F40 en 1871, 0F30 en 1878. Un journal quotidien vaut 0F15 en 1875.
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