Au coeur d'un Conseil de Guerre (6) 2ème témoignage !
Comparait ensuite à la barre :
Groc Pierre Edouard, âgé de 37 ans , Sergent-major au 4° Régiment d'Infanterie de Marine de Toulon,
Le seize de ce mois, je me suis trouvé avec le Sergent-Major Hidier, chez le trésorier pour y toucher la solde et le décompte, je nee l'ai revu qu'à une heure de l'après-midi au Camp. Nous sommes retournés ensemble à la Caserne. Le soir , vers neuf heures étant allé à la brasserie de Strasbourg, j'aperçus Hidier qui s'y trouvait déjà en compagnie de deux sergents-major arrivés récemment de Cochinchine (1). A dix heures, je suis sorti les laissant à la brasserie. je ne sais pas au juste l'heure à laquelle il est rentré mais au réveil je l'ai aperçu couché (2).
Le dix-sept, je n'ai vu Hidier qu'au moment du déjeuner, il se trouvait avec les deux sergents-major de ses amis, je ne l'ai plus revu que le lendemain au réveil. Luis ayant demandé l'heure à laquelle il était rentré, il me dit qu'il était quatre heures du matin.
Le dix-huit, il est rentré au camp et a payé , m'a dit son fourrier (3), une partie du décompte aux hommes de sa compagnie. le soir, apprenant qu'il était puni de prison, il a pris son sabre et est parti me disant qu'il allait se présenter au poste de police comme venant d'assister au cours.
Quand vous vous absentez de votre tente y laissez-vous quelqu'un pour la garder ?
Oui, soit un homme de la Compagnie, soit un de la 26ème, ce sont toujours les deux mêmes.
Vous êtes-vous absentés, vous et votre fourrier dans la matinée du 17 ?
Nous sommes allés à l'exercice pendant près de trois heures, je ne puis dire au juste, quel est le soldat qui est resté ce jour là pour garder la tente. (4)
Vous n'avez pas entendu dire au Sergent-major Hidier qu'on lui avait pris de l'argent ?
Non jamais.
Savez-vous si votre camarade avait des dettes et si du seize au dix-huit il en a payé quelques-unes et fait des dépenses extraordinaires ?
J'ignore s'il avait des dettes mais étant resté pendant deux nuits on a pensé il n'a pas été sans dépenser quelque argent (5)
Pourriez-vous nous dire comment est la malle du sergent-major Hidier et comment elle se ferme ?
Elle a à peu près un mètre vingt et se ferme au moyen d'une serrure placée sur la partie droire; le 18 il l'a ouverte devant moi pour prendre une pièce de cinq francs qu'il me devait. (6)
Savez-vous si Hidier recevait souvent de l'argent de chez lui ?
Quelque fois, mais pas souvent.
Commentaires du rédacteur :
(1) La Cochinchine :
La Cochinchine est une province historique, au sud de l'actuel Viêt-Nam. Elle correspond grossièrement aux régions administratives vietnamiennes actuelles du Delta du Mékong et du Sud-est.
Le nom de Cochinchine dérive de l'usage par les Portugais de la ville de Cochin pour désigner l'Inde (d'où, plus tard, la dénomination Indochine) : les navigateurs occidentaux désignent alors du nom de Cochinchine le Viêt Nam dans son ensemble. Au XVIe siècle, d'autres dénominations telles que Chinecochin ou Champachine sont attestées. La dénomination se rattache ensuite à toute la partie méridionale du Viêt- Nam.
En 1862, la partie méridionale de la Cochinchine est colonisée par les Français : dès lors, le nom de Cochinchine désigne exclusivement la Cochinchine française, qui devient ensuite l'une des cinq composantes de l'Indochine française. (source Wikipédia)
(2) Le sergent-major Groc partage sa tente avec mon grand-père. (ndlr)
(3) Le fourrier :
Le fourrier est le sous-officier chargé de l'intendance. Ce terme vient de fourrage. Dans la Marine nationale française, les fourriers étaient chargés de tout ce qui touchait aux dépenses publiques (soldes, gestion du matériel, vivres, frais de déplacements...). De par leur formation et leur savoir-faire, ils étaient considérés comme les meilleurs comptables dans les armées.
Après plusieurs siècles d'existence, la marine a supprimé la spécialité de fourrier en 2010. La plupart des fourriers ont été convertis en spécialité de comptables logisticiens ou de gestionnaire de ressources humaines.
Les fourriers étaient reconnaissables à un insigne d'une bande dorée sur chaque bras de leur vareuse ou veste. Ils étaient les seuls à avoir conservé cette marque de distinction de l'empire napoléonien.
Le terme fourrier remonterait à 1534. Il s'agit alors du chargé du fourrage et du logement de la troupe, véritable homme de confiance du capitaine de compagnie. C'est donc un terme terrien qui fera son entrée dans la marine en 1758 par le biais des corps d'infanterie et d'artillerie de la Marine sous Choiseul qui cumule alors les fonctions de ministre de la marine et de la Guerre, longtemps séparées. Après plusieurs éclipses, le terme de fourrier réapparaît définitivement en 1832. Il est alors chargé des «écritures» et de la comptabilité à bord des bateaux.
Les fourriers de la Marine ont conservé comme insigne distinctif un large galon d'or, identique à celui que portaient les fourriers de l'Empire. (source Wikipédia)
Galon du fourrier de la Marine
(4) Cet homme a peu de mémoire ! Comme il le dit lui même ils ne sont que deux à assurer la garde de la tente. C'est apparemment le sapeur Lespinasse qui était de service ce jour là et gardait la tente. Voir son témoignage à ce sujet. (ndlr)
(5) C'est un jugement de valeur pas une preuve ! (ndlr)
(6) Donc, le sergent-major a pu apercevoir les autres pièces (ndlr)
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