Mobilisation
Henri HIDIER
(1889-1962)
1er août 1914
En me rendant à la gare, à l'heure habituelle pour prendre mon train afin de reprendre mon travail, je rencontre le facteur qui me remet, l'ordre d'appel immédiat et sans délai ; je fais demi-tour et rentre à la maison pour faire mon paquet.
Je quitte mes parents ou plutôt Maman et Ninie à 2H de l'après-midi, Papa et Charles m'accompagnent jusqu'à la gare de Lyon. A Paris je dis au revoir à Germaine puis je me dirige à la gare de Lyon où je prends le train à 5H50, arrivée à Melun à 7H10. J'apprends que le bureau du 146 ne sera ouvert que le 2, je cherche une chambre que je partage avec 2 autres soldats avec qui j'ai noué quelques relations. Nuit agitée car l'hôtel se trouve à proximité de la gare et toute la nuit les trains n'arrêteront pas de circuler.
Ces quelques lignes sont tirées du journal de guerre de mon grand-père Henri HIDIER Caporal Infirmier au 146ème régiment d'infanterie.
De la classe 1909, il pensait en avoir fini avec l'armée. Est-il surpris de son ordre de rappel ? Je ne le pense pas car les évènements se sont enchainés ces derniers mois.
Le 28 juin, le double assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse morganatique Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo le 28 juin 1914 par un étudiant nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip a été le malheureux préambule de conflit qui durera 4 ans.
En représailles , le 28 juillet l'Autriche déclare la guerre à la Russie. Dès lors la machine de guerre est enclenchée. La logique des alliances fait le reste :
Le 1er Août l'Allemagne alliée de l'Autriche déclare la guerre à la Russie alliée de la Serbie.
Le 3 août, l'Allemagne la déclare à la France et la Grande-Bretagne, alliée de la Russie et de la France la Grande Bretagne entre dans le conflit le 4 août contre l'Allemagne et le 13 août contre l'Autriche..
Surpris, non ! Mais tant que la guerre n'est pas déclarée, Henri s'apprête à reprendre son travail au Comptoir National d'Escompte de Paris (BNP) dont il est un employé modèle.
Henri a fait son service du 5 octobre 1910 au 25 septembre 1912 et fait donc partie des classes qui ont été mobilisées.
Mais quelles sont les classes (1) qui au juste ont été appelées pendant cette guerre ?
Au cours du conflit plus de 8 millions d'hommes vont être mobilisés.
Au début du conflit, les classes 11, 12 , 13 sont déjà sous les drapeaux. En effet depuis aout 1913 et la loi Barthou, le service est passé de deux à trois ans.
Entre le 3 et le 12 août sont appelées les classes qui composent la réserve de l'armée d'active à savoir les classes de 1900 à 1910.
Léonard DERACHE, mon grand-père maternel né en 1890 fera partie de ces derniers.
A cela s'ajoute les classes de l'armée territoriale (2) (1893 à 1899)
On puisera même dans la réserve de la territoriale avec les classes 1887 à 1892.
A l'inverse, les jeunes classes 14 à 19 seront appelées par anticipation . Ainsi la classe 1914 fut incorporée dès le 1er septembre 1914 et celle de 1915 en décembre 1914.
D'ailleurs ces deux classes constituées de jeunes soldats inexpérimentés paieront le plus fort tribu lié à une classe d'âge.
29,2 % (292 000) des soldats du contingent de 1914 périront lors de ce conflit et assez rapidement.
Ils avaient à peine 20 ans !
(1) La classe de recrutement : elle se calcule en ajoutant 20 ans à l'année de naissance du conscrit. Par exemple si ce dernier est né en 1889, sa classe sera 1909 ( 1889 +20 = 1909).
(2) L'armée territoriale : Pendant la Grande Guerre, le régiment d’infanterie territorial, ou RIT, était une formation militaire composée des hommes âgés de 34 à 49 ans, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne d’active ou de réserve.
Les Territoriaux ou Pépères, initialement chargés de différents services de gardes ou de génie , ont joué un grand rôle pendant la Première Guerre mondiale.
Néanmoins, pour les plus jeunes d'entre-eux , ils ont pu participer activement aux combats notamment pour compenser les énormes pertes du début de la guerre.
sources :
Wikipédia
"Les pertes des nations belligérantes au cours de la Grande Guerre", Les archives de la Grande Guerre, tome VII, n° 19, 20 et 21, 1921. Accès direct au tome VII sur Gallica.
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