DE VOUS AIEUX, en passant par moi !

Laissez moi vous parler  de Marcellin SIMON et de sa drôle de guerre.

Marcellin Simon est mon arrière grand père maternel.

Marcellin SIMON

Bien que né en 1870 à Simencourt (Pas de Calais) il est logiquement de la classe 1890, mais ne sera appelé qu'en 1891.

Un oubli du conseil de révision ou bien a t-t-il bénéficié  d'une dispense puisqu'il est l'aîné de 7 enfants ?

Il tire le N°1 de la liste cantonale ce qui en 1890 n'est ni un numéro favorable ni défavorable car depuis 1889 la durée du service est fixée pour tous les hommes à trois ans, les numéros servant désormais à déterminer l'arme d'affectation.

A l'issue du conseil de révision, il est ajourné pour "faiblesse" mais jugé apte en 1892.

"Parti d'Arras en détachement en novembre 1892, il est affecté au 12ème régiment d'artillerie en tant que canonnier conducteur. A l'époque le 12ème RA est basé à Vincennes.

Pour la petite histoire quelques 90 ans plus tard,  son arrière petit-fils effectuera le début de son service militaire au.... 12ème RA. Entre temps ce dernier avait migré en Alsace où il avait pris ses quartiers à Oberhoffen à proximité  d'Haguenau. Simple coïncidence bien entendu.

Mais revenons à Marcellin. Son service militaire sera de courte durée car il est renvoyé dans ses foyers avec son certificat de bonne conduite et mis en disponibilité le 30 septembre 1893 peut être pour les mêmes raisons qui lui ont valu d'être ajourné (soutien de famille).

Il passera dans la réserve d'active en 1894. Il effectuera par la suite deux périodes d'exercices en 1898 et en 1901 au 15ème RA avant de passer dans l'armée territoriale en 1904.(1)

Pensant en avoir fini avec l'armée, il est tout de même mobilisé en 1914, il a alors 44 ans. Il est alors marié et a deux enfants : Jeanne ma grand-mère née en 1896 et Emile né en 1898. Il est alors installé à Vitry-en-Artois (62) en tant que maréchal-ferrant.

Début août 14, il est d'abord mobilisé pour conduire les animaux, les chevaux et le bétail étant réquisitionnés. Puis plus rien jusqu'au 29 mars 1915 où il est rappelé à l'activité et versé au "Groupe Territorial du 41ème régiment d'Artillerie de Campagne (RAC). Le 26 juin il passe au 1er Escadron du Train et à ce titre il est détaché à la Fonderie Nationale de Ruelle (2) du 5 septembre 1915 au 30 juillet 1917.

Il ne pourra pas pour autant retourner à Vitry qui est occupé par les allemands. D'ailleurs la famille a été évacuée et c'est donc  à la demande des cultivateurs de Beaumetz-les-Loges(62) et de Simencourt(62) qui le connaissent et qui sont privés de maréchal-ferrant le leur étant mobilisé  et sur intervention du maire que Marcellin est "démobilisé"  et qu'il revient à Simencourt rouvrir la forge comme "détaché agricole" et ce jusqu'à la fin de la guerre.

La famille enfin réunie, ma grand-mère peut enfin convoler en justes noces le 3 décembre 1918 après avoir reporté à plusieurs reprises son mariage (3)

Quant à Marcellin il est définitivement libéré de ses obligations militaires en décembre 1918.

(1) L'armée territoriale : Pendant la Grande Guerre, le régiment d’infanterie territorial, ou RIT, était une formation militaire composée des hommes âgés de 34 à 49 ans, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne d’active ou de réserve.

Les Territoriaux ou Pépères, initialement chargés de différents services de gardes ou de génie , ont joué un grand rôle pendant la Première Guerre mondiale.

Néanmoins, pour les plus jeunes d'entre-eux , ils ont pu participer activement aux combats notamment pour compenser les énormes pertes du début de la guerre.

(2) La fonderie de Ruelle est un site industriel créé en 1753 sur la rivière Touvre, en Angoumois, sur le territoire de l'actuelle commune de Ruelle. Créée pour couler des canons pour la Marine royale, elle est aujourd'hui un site de Naval Group (ancienne Direction des Constructions Navales).

pour en savoir plus : La fonderie de Ruelle-sur-Touvre

(3) Chronique de guerre par Jeanne SIMON