Au coeur d'un Conseil de Guerre (5) Le Capitaine témoigne....
Viennent ensuite la déposition de chaque témoin :
En premier lieu le Capitaine Courtès Philippe, Camille Ferdinand, âgé de 38 ans, capitaine au 4ème Régiment d'Infanterie de Marine de Toulon qui déclare:
"Le Dimanche, quinze Juillet, mon fourrier vint chez moi me faire signer les pièces de la compagnie entre autre la feuille de prêt et l'excédant de masse à payer aux hommes pour le 3ème trimestre montant au chiffre de cent cinquante francs trente huit centimes.
Je donnai l'ordre à ce sous-officier de dire au sergent-major qu'ayant le permission de la journée de mon Chef de bataillon afin de pouvoir faire un travail topographique, je ne pouvais le seize, assister au payement du décompte, qu'il ait à préparer un état d'émargement sur lequel il devra faire signer les hommes qui ont du décompte à toucher. le lendemain, seize, le fourrier vint de nouveau chez moi vers les six heures du soir, je m'informais près de lui si le décompte avait été payé, il me répondit qu'il avait vu le sergent-major solder des hommes de la compagnie, mais qu'il ne pouvait me remettre l'état que j'avais fait préparer car le sergent major l'avait dans sa malle.
Le dix-sept, je pris encore des renseignements près du fourrier lequel attribua, me dit-il le retard qui se présentait dans la remise de l'état d'émargement à l'absence , sans doute des nombreux employés de la compagnie. Le dix-huit, à l'issue du rapport du Colonel, mon fourrier vint me rendre compte que le sergent-major avait découché et me demanda quelle punition devait lui être infligée, je lui mis quinze jours de salle de police. Le même soir me rappelant que Hidier était déjà puni de salle de police, je donnais l'ordre de changer la punition infligée le matin en huit jours de prison. En rentrants au camp, le fourrier signifia au sergent-major sa punition, celui-ci immédiatement s'esquiva du Camp.
Le lendemain matin, dix-neuf, à la marche militaire on me rendit compte que le sergent-major était parti et que des hommes de compagnie n'avaient pas été payés de leur décompte, de retour au camp je me suis assuré qu'en effet une somme de soixante treize francs cinquante deux centimes avait été payée aux hommes et qu'il restait encore à payer la somme de soixante seize francs quatre-vingt six centimes et je prévenais les hommes que le soir je viendrai la payer. Vers une heure, je recevais une lettre par la poste du sergent major Hidier, lettre que je dépose au dossier et dans laquelle il me dit qu'il allait se tuer et me priait même de payer la somme qu'il devait à la compagnie. Je me rendis à la compagnie payer les hommes qui ne l'avaient été.
Je vais devoir vous faire savoir que je n'ai pu aller au Camp dans le journée du 17 et du 18, vu mon état d santé.
Le seize, le sergent-major Hidier, en sortant de chez le Capitaine trésorier est-il venu chez vous pour vous remettre l'argent qu'il avait reçu ?
Je ne me rappelle pas si le sergent major est venu, en tout cas, il n'avait aucune somme à me remettre, car maintenant on ne touche le prêt qu'à terme échu, qu'une partie reste entre les mains du trésorier pour solder les fournisseurs et que l'autre (sous de poche) est payée aux hommes par le sergent-major.
Ne vous est-il pas arrivé un jour , ayant besoin de l'enregistrement de votre compagnie, de faire prendre ce registre dans la malle du Sergent-major Hidier ?
En effet, pendant l'absence du Sergent-major, le jour où je suis allé payer l'excédant de masse qui était encore dû aux hommes j'ai eu besoin de l'enregistrement, je fis prendre ce registre dans sa malle ?
Savez-vous comment on a procédé pour ouvrir la malle ?
Non, c'est le fourrier qui a exécuté l'ordre que je lui ai donné, j'ignore comment il s'y est pris pour ouvrir la malle.
Vous n'avez pas ouï dire que votre sergent-major prétendait avoir été volé de la somme qui leur manquait ?
Je n'ai pas connaissance de cela.
Est-il venu à votre connaissance qu' Hidier ait payé quelques dettes en fait quelques déjeuners extraordinaires du 16 au 18 juillet ?
Il a dû faire certaines dépenses ayant découché, puis j'ai entendu dire qu'il avait dû payer au fournisseur de vin le montant de plusieurs factures qui lui devait.
A sa rentrée au Camp, Hidier a-t-il été fouillé et avait-il de l'argent sur lui ?
Je ne sais pas si cette formalité a été exécutée, c'est une affaire de police qui n'incombe pas à la compagnie.
Veuillez nous donner quelques renseignements sur la moralité et la conduite antérieure du Sergent-major Hidier ?
Hidier est très léger de caractère, sa conduite était assez bonne jusqu'au seize mai dernier, jour où il est parti en permission, oubliant de régler avec moi et emportant une somme de quarante-neuf francs provenant du bon d'ordinaire et du prêt du sous-officier à sa rentrée, une plainte en captation a été adressée à qui de droit, mais n'a pas abouti, le père ayant remboursé cette somme.
N'avez-vous plus rien à déposer ?
Hier j'ai reçu une lettre de M. HIDIER père qui m'a envoyé l'argent dissipé par son fils.
A découvrir aussi
- Le destin de Jeanne Aimée.
- Au coeur d'un Conseil de Guerre (2) La Plainte.....
- Au coeur d'un Conseil de guerre (3) L'acte d'accusation....
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 41 autres membres